Bien-pensant

Je m’adresse à toi le bien-pensant.
Celui qui croit ce qui est dit, au lieu de ce qui est fait.
Celui qui condamne un parti sans en lire le programme.
Celui qui n’a comme seule conviction que celle de telle presse, ou de telle messe.
Celui qui répète ce qu’il se dit sans en comprendre l’enjeu.
Celui qui critique sans agir. Qui consomme pour plaire. Qui rêve pour ne pas vivre. Qui boit pour croire.
Celui qui se croit si fort qu’il n’a plus d’effort à faire.
Celui qui ne choisit pas. Qui ne cherche pas. Qui ne parle pas. Qui ne doute pas.
Celui qui est faible par lâcheté. Fainéant par oisiveté. Engoncé dans le confort, si fier de son or.
Celui qui est trop bien pour être mal. Trop affable pour être sincère. Trop lâche par bienséance.
Celui qui n’ose partir alors qu’il n’a plus rien à dire. Ni plus rien à attendre, ni entendre.
Celui qui prend tonneaux pour lanternes, vices pour vertus et vis et versa. Vers ça quoi? Versatile.
Celui qui se défend de ce en quoi il n’a jamais cru.
Celui qui ne sifflera jamais qu’un air monotone.
Celui qui ne voit le monde que dans son prisme étroit ou selon tel canard, ou autre voix.
Celui qui parle comme il pisse, en monologue d’un jet tiède.
Celui qui est d’accord dans l’apparence d’un principe, mais n’a envie que de montrer sa verve, comme il sortirait sa verge, sa plus belle parure.
Celui qui bave par envie, envieux d’un discours dont il se croit trop vieux pour le formuler.
Celui qui n’a jamais eu comme unique rêve que de bouffer dans un palais avec une tige refaite aux seins gélatineux. Qu’on lui ouvre la porte. Qu’on l’admire pour ce qu’il représente. L’heure du leurre.
Celui qui ne croit plus en rien, si ce n’est au reflet déguisé de son image vernie mais si terne en dessous.
Celui qui rit de lui. Qui se fout de tout. Qui ne prend rien au sérieux. Ni même la vie de ses amis qu’il perd et des êtres qui ne lui sont plus si chers.    
Celui qui se tait.


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